Thorn, http://www.bulleblog.com/

Thorn, http://www.bulleblog.com/

Ce mois-ci, je me suis penchée sur un sujet qui m'a toujours intéressé : la femme. Bien plus complexe que ce que l'on pense, il ne s'agit pas ici uniquement de suivre les aventures de personnages féminins, mais au contraire de tenter de comprendre ce que signifie être femme, aujourd'hui et dans le passé. J'ai donc choisi des ouvrages qui représentent un panel d'images, positives ou non, de la femme.

Lectures :

  • Sur les femmes, D. Diderot
  • La femme indépendante, S. de Beauvoir
  • Mariée par correspondance, M. Kalesnik
  • Petite poucette, M. Serre
  • La femme parfaite est une connasse, soeur Girard et Motin

Tout d'abord, Diderot dépeint la femme comme un être à la fois fragile, symbole ultime de la délicatesse, mais aussi comme un démon qui se terre et qui risque à tout instant de vous sauter dessus, emporté par une crise de jalousie ou une vexation passagère. Ainsi, j'ai eu l'impression tout au long de ma lecture de devoir faire face à une sorte d'hymne à la femme et en même temps à une insulte contre ce "sexe faible". Et les femmes ne sont rien d'autre pour Diderot : les héroïnes sont toutes ici des délicates bourgeoises niaises et cupides qui se laissent si facilement duper que les situations en deviennent comiques. Elles sont certes décrites comme caractérielles, non dans le sens d'une forte personnalité, mais au contraire comme soumises à de nombreuses crises de nerfs injustifiées. Elles semblent toutes soumises à cette débilitante idylle amoureux dont elles rêvent toutes, mais qu'elles n'obtiennent jamais, devenant ainsi des vieilles filles frustrées et agaçantes que l'homme pourtant, dans toute sa bonté, se devra de chérir et de protéger.

"Il y a si grand fond à faire sur l'imagination d'une femme alarmée, et en général les femmes sont si crédules et si pusillanimes en santé, si superstitieuse dans la maladie! " (Diderot, 1935)

Simone de Beauvoir, aura une tout autre démarche. Elle commence tout d'abord par se questionner sur ce qui fait d'une femme ce qu'elle est, au-delà des attributs sexuels femelles dont elles sont pourvues. En son sens, l'on définit trop souvent la femme comme l'autre de l'homme, qui prend alors la place constante d'exemple, de point de référence. Aux yeux de Simone de Beauvoir, l'inégalité qui marque son époque est le fruit d'une éducation inégalement différenciée selon le sexe de l'enfant. La jeune fille est donc inconsciemment poussée vers cette image de la fleur délicate et décorative dont parle justement Diderot. Elle explique comment et combien il est difficile aux femmes de se révolter pour exiger un monde équitable. Tout d'abord, parce qu'elles sont encore soumises à ce vieux carcan de la femme au foyer qui doit rester droite, propre, belle, qui doit savoir tenir son ménage. Mais il leur faut à la fois faire et imposer leur place dans le monde du travail qui s'ouvre soudainement à elles, cette double vie d'obligations, tantôt soumises aux décisions du patron, tantôt à celles du mari ; cette difficulté aussi à devoir vivre dans le contrôle ou le tabou de leur vie sexuelle qui sera bien plus sévèrement jugée que celle d'un homme.

La femme est au final confrontée au constant paradoxe de vouloir se battre pour s'imposer face à un monde qui a été façonné par les hommes et à la fois devoir y prendre part.

"si la fonction de femelle ne suffit pas à définir la femme, si nous refusons aussi de l'expliquer par "l'éternel féminin" et si cependant nous admettons que, fut-ce à titre provisoire, il y a des femmes sur terre, nous avons donc à nous poser la question : qu'est-ce qu'une femme ." (Simone de Beauvoir, 1949)

Plus succinctement , mariée par correspondance illustre la vie d'un homme seul et collectionneur de toutes formes de jeux et jouets qui décide de se "commander" une femme coréenne . Il se retrouve alors confronté à la réalité : la personne qu'il rencontre n'est pas une sage petite femme asiatique, discrète, droite, blanche comme il l'attendait. Ce n'est pas une jolie poupée de plus pour sa collection. Au contraire c'est une femme qui veut s'exprimer, découvrir, vivre libre. Elle reste cependant soumise à ce mariage arrangé.

Michelle Serre présente lui plus les enjeux et aboutissants de l'évolution exponentielle des technologies. Ainsi il ne s'agit pas uniquement de la femme, mais plutôt de ces nouvelles générations accrochées aux médias et les répercussions notamment sur l'enseignement, l'éducation. La femme est ici posée pleinement dans un monde nouveau, à ne pas devoir se battre contre un sexe, mais à devoir pourtant aussi s'adapter à un monde de constante offre et demande, de nouveautés, un monde d'images.

Finalement, il faut lire la femme parfaite est une connasse au degré le plus haut de votre humour et du sens de la dérision car, ironiquement, il fait ressortir tous les clichés auxquels sont soumises les jeunes femmes actuelles. Léger, l'ouvrage démontre cependant que, même avec humour, certains faits décrits par Diderot ou Simone de Beauvoir restent d'actualité et le seront peut-être toujours.

Retour à l'accueil